Tuesday, December 01, 2009

KILL 1 MUTANT BIRD WITH 2 STONES


Avec P.L.M.B. on pourra difficilement continuer de prétendre que les américains ne sont que des rustres grossiers, incultes et bas du front.
OK ! Y en a qui correspondent à cette définition, comme partout ailleurs dans le monde, mais il n'empêche qu'il y a aussi quelques « aliens » qui s'entendent à casser ces stéréotypes en faisant preuve d'une belle ouverture d'esprit, et d'un humour pataphysique que n'auraient certes pas renié les plus grands humoristes parnassiens du début du 20ème siècle.
Buddy A, en kid newyorkais au format de poche, n'a rien à envier aux plus gouailleurs de nos gavroches parisiens.

Prenez le nom de son groupe tout d'abord, P.L.M.B., c'est pour "Pathological Lying Mutant Bird", ce qui, même pour un non anglophone, reste largement traductible dans le non-sens et l'humour décalé.

Il en va d'ailleurs de même avec le titre de ce premier album de P.L.M.B., à des années-lumière des niaiseries consensuelles habituellement usitées pour ne pas effaroucher le consommateur éventuel dans les rayons aseptisés des supermarchés du disque américains. Mais voilà, Buddy A aime bien donner des coups de pied dans les fourmilières de la pensée unique.
Un humour ravageur qu'on retrouve de-ci de-là, au gré des 18 morceaux de ce disque.

Des exemples ? Allez! "O.B. (Ovulation Boulevard)", "C.C.C. (Cancel The Cancelled Cancellation)", "Dad Is Mad", "Melon Colony", "P.A.P. (Personal Ass Puppet)", pour n'en citer que quelques-uns.
Il est déjà rafraîchissant de pouvoir se gargariser de cette dérision jubilatoire, il l'est tout autant de se lancer dans l'exploration sonore de l'univers musical de P.L.M.B.

Un univers empreint d'un Rock 'n Roll arty propre à New-York, avec d'évidentes références punks, mais pas trop, et quelques touches noisy soniques, mais plutôt stratosphériques que bassement terre à terre.
Les guitares sont claires, même si largement saturées et distordues, les beats de batterie sont francs du collier et adéquatement métronomiques, les lignes de basse sont classiquement efficaces, empêchant l'ensemble de s'éparpiller au fil du vent en ancrant solidement tout ce petit monde sur la portée.
Et puis il y a la voix de Buddy A, une voix d'écorché vif, toujours à la limite du décrochage dans ses acrobaties vocales de haut vol. On croit toujours qu'il va perdre pied, qu'il va déraper, qu'il va se ratatiner lamentablement après avoir fait la cabriole de trop, celle mal contrôlée et peu maîtrisée qui lui vaudra une solide rééducation lyrique, mais non, le farfadet connaît ses limites, sait jusqu'où il peut aller sans atteindre le point de non retour, et, du coup, ses feulements de chat sauvage, ses chuintements de gobelin en rogne, ses raclements de grand lézard squameux, ses frottements orageux de tôle ondulée, vous font apprécier d'autant mieux ses efforts pour se fondre dans l'incandescence du Rock 'n Roll désincarné de P.L.M.B.

Mais pas seulement, parce que le groupe, comme je le disais en ouverture, sait aussi prendre ailleurs ce qui peut lui permettre de s'affirmer, comme la sonorité de la kora, cet instrument typiquement africain, et, pour le coup, si peu newyorkais, sur "Cadmium", ou encore comme la reprise du "Helter Skelter" des Beatles, ramené ici à sa plus simple expression viscérale, probablement assez proche de ce que Charles Manson crut y déceler quand l'écoute de cette chanson provoqua en lui la folie meurtrière qui lui fit commanditer le massacre de Sharon Tate et du couple LaBianca par sa "famille".
La version de P.L.M.B. est sulfureuse à souhait, et nous fait nous rappeler que ce titre fut aussi l'un des plus violents et teigneux des Fab Four qui traversaient pourtant alors une période mystique plus propre à leur faire voir la vie en couleurs et en substances hallucinogènes.
Comme quoi...
Leo 442ème Rue
Numéro 85
http://www.la442rue.com

No comments: